Entretien avec l’Association Marocaine des Crèches Privées

La Une | Asma Sefrioui, quel est le rôle de l’AMCP ?

Asma Sefrioui  | L’AMCP est une jeune association créée en 2018. L’objectif de notre association est d’introduire la qualité dans le secteur de la petite enfance et de rehausser le niveau existant. La crise sanitaire a accéléré les besoins d’échange entre les établissements, pour organiser le secteur et le représenter auprès des autorités.

On va essayer d’être précis pour les parents qui nous écoutent. Qu’appelle-t-on petite enfance ?

Nezha Chami | La petite enfance est ce qu’on désigne en général comme une période de l’enfance qui va de la naissance à l’âge de 6 ans. Elle est définie aujourd’hui par les organismes internationaux de protection de l’enfance comme l’UNESCO, l’UNICEF et récemment par les plus grands neuroscientifiques, comme cruciale pour le développement de l’enfance et pour l’adulte qu’il deviendra.

Qu’en est-il du développement du préscolaire au Maroc ?

N C | Aujourd’hui, le Maroc a fait une très belle avancée sous l’impulsion de son altesse royale le roi Mohammed VI et avec la loi de 2019 sur l’éducation. Parmi les principales réformes prévues par cette loi figure l’intégration de l’enseignement obligatoire pour les enfants de 4 à 16 ans. L’autre nouveauté est que ce processus de généralisation de l’enseignement ouvert à tous relève de la responsabilité de l’État, mais aussi de celle des familles. De manière progressive, l’école devra aussi s’ouvrir aux enfants dès l’âge de 3 ans. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’aujourd’hui qu’une socialisation précoce pour les enfants avant 3 ans est importante afin d’assurer une meilleure réussite scolaire. On considère qu’il reste encore un long chemin pour réveiller les consciences et donner à la crèche la place qu’elle mérite.

L’AMCP est une association qui travaille pour une meilleure qualité des crèches au Maroc. C’est un gage de qualité pour les parents. Cependant, vous organisez également des campagnes hors de vos établissements. Adil Joundy, pouvez-vous nous citer un exemple ?

Adil Joundy | L’AMCP a organisé sa toute première campagne de collecte de vêtements chauds destinés aux régions froides et isolées du Maroc en janvier dernier. Elle a été initiée au sein de plusieurs structures membres de notre association. Elle a eu pour rôle de centraliser et de distribuer les collectes à un acteur local identifié pour son sérieux. Cette action sociale est au cœur du projet d’établissement de nos structures membres donc il est évident que notre association s’implique à son tour.

Question importante, pourquoi est-ce crucial pour un enfant de commencer par la crèche ?

A J | Disons que le passage en crèche va permettre d’avoir des enfants prêts à affronter les apprentissages en classe Primaire. En effet, ils auront déjà commencé à assimiler certaines règles de vie en société qui vont leur permettre d’aborder le Primaire de manière beaucoup plus sereine. Aussi, ils auront déjà fait cet effort d’adaptation à l’extérieur de leur cocon familial. Le passage en crèche va également permettre de développer d’autres compétences comme l’écoute, l’estime de soi, la socialisation, l’envie d’apprendre, etc.

Adil, l’accueil des enfants et le personnel des crèches qui va s’en occuper toute la journée intéressent souvent les parents dans leur recherche. Comment réussissez-vous à l’AMCP à faire en sorte que le personnel soit formé et performant ?

A J | Dans le milieu éducatif encore plus qu’ailleurs, l’élément humain est déterminant. La qualité de l’accompagnement dispensée par les éducatrices est très importante. Il faut donc bien sélectionner l’équipe encadrante puis maintenir un niveau de formation constant. Les éducatrices doivent avoir un niveau d’instruction suffisant pour être capable d’observer correctement, faire preuve de créativité et s’adapter à chaque situation avec bon sens. La plupart de nos structures membres forment elles-mêmes leurs éducatrices. Malheureusement, il existe encore très peu de filières de formation de l’éducateur de jeunes enfants au Maroc. La formation des éducatrices est fondamentale d’où notre volonté en tant qu’acteur associatif de nous impliquer davantage dans ce domaine, peut-être en créant une filière spécialisée en collaboration bien sûr avec des ministères de tutelle.

Kenza Bennani, la santé est un point très important actuellement dans les crèches. Les établissements membres de l’AMCP ont-ils des liens par exemple avec des professionnels de santé ?

Kenza Bennani  | Oui, effectivement. Chaque structure membre de notre association a une convention avec un médecin qui est là pour suivre l’état de santé des enfants, mais aussi du personnel, encore plus maintenant depuis le début de la crise sanitaire.

Autre question importante pour ceux qui nous écoutent : quel est l’intérêt pour une crèche de rejoindre l’AMCP ?

K B | L’intérêt est d’abord de faire partie d’un réseau national de professionnel de la petite enfance. Il faut savoir qu’avant, on travaillait chacun de son côté. On se sentait très isolé. Aujourd’hui, quand on a besoin d’une aide ou d’un conseil ou de partager quelque chose, on a le groupe WhatsApp pour cela. Une crèche adhérente à l’AMCP est aussi une garantie de plus pour les parents, puisqu’elle fait partie d’un groupement de crèches signataires d’une charte professionnelle. Ensemble, elles peuvent faire entendre leurs voix auprès des ministères de tutelle, développer un dialogue constructif pour le bien de nos enfants, sans parler du fait que les crèches adhérentes peuvent bénéficier de prix avantageux chez nos partenaires. D’ailleurs, on travaille sur la mutualisation des achats des partenariats actuellement.

Ceux qui nous écoutent doivent se poser déjà la question. L’AMCP peut-elle donner des conseils aux parents pour la bonne pratique dans ce secteur des crèches ?

K B | En fait, pas tout à fait parce que l’AMCP est une association plutôt destinée aux professionnels et aux institutionnels de la petite enfance. Les objectifs de l’AMCP ne sont pas tellement d’orienter les parents ou encore de leur donner des conseils, mais plus de faire connaître les spécificités de ce secteur aux décideurs de notre pays.

Enfin, peut-on dire que l’AMCP est un label de qualité ?

K B | Être adhérent à notre association est un gage supplémentaire de sérieux pour les parents. Cependant, on ne peut en aucun cas se substituer à l’obtention pour une structure d’un label qualité qui est l’aboutissement d’un long travail de procédure écrite qui définit clairement les engagements et le tout audité par un organisme indépendant. Mais c’est déjà un bon début.

Merci à tous. Je rappelle que vous pouvez retrouver l’AMCP sur le site crechesprivees.ma et sur les réseaux sociaux.